Alibaba le géant chinois du e-commerce a annoncé que son bénéfice net 2021 avait chuté de près de 60 %. Il a également enregistré une importante perte trimestrielle sur fond de récession et de réglementations plus strictes dans le secteur technologique.
Fin 2020, les autorités ont été intransigeantes avec certaines pratiques jusqu’alors largement tolérées des géants du numérique en matière de collecte de données personnelles et de concurrence. En tant que tel, Pékin a doublé le coup porté aux puissantes sociétés Internet, leur a interdit de lever des fonds à l’international ou les a condamnées à une amende pour abus de leur position dominante.
Alibaba vers la fin ?
À la suite de ces actions, le secteur a perdu des milliards de dollars en capitalisation boursière. Alibaba, longtemps considérée comme un modèle de réussite en Chine, a été la première à être sanctionnée par les pouvoirs publics. L’économie du pays a également été fragilisée par les restrictions anti-Covid, avec une consommation à son plus bas niveau depuis deux ans et un chômage proche d’un plus haut historique, pénalisant les entreprises du e-commerce.
Alibaba a rapporté le 26 mai dernier que ses bénéfices avaient fortement chuté au cours de l’année écoulée. Il s’agissait de 61,9 milliards de yuans (8,6 milliards d’euros), en baisse de 59% par rapport aux 150,3 milliards de yuans un an plus tôt.
Au dernier trimestre de l’exercice échelonné, le groupe a essuyé une perte d’environ 2,3 milliards d’euros, imputable au « regain épidémique en Chine, en particulier à Shanghai ».
Lorsque la pression est appliquée
La Chine fait face depuis plusieurs mois à une recrudescence de l’épidémie, touchant à divers degrés, différentes parties du pays. Plusieurs villes, dont la capitale économique Shanghai, ont été fermées dans le cadre d’une stratégie sanitaire zéro Covid qui pénalise la production et la consommation. La faiblesse des dépenses des ménages pèse lourdement sur les entreprises du e-commerce, jusqu’alors habituées à une croissance exponentielle avec la miniaturisation des achats sur le net.
« Compte tenu des risques et des incertitudes liées au Covid-19 », a déclaré Alibaba.
Longtemps pionnier du commerce en ligne, le groupe fait face à une concurrence de plus en plus agressive ces dernières années, notamment sur les sites Pin Duoduo et JD.com. Dans le secteur financier également, Alibaba est sous pression. Fin 2020, les régulateurs ont fait dérailler l’introduction en bourse massive de la filiale Ant Group. La société, qui a levé 34 milliards de dollars à Hong Kong et à Shanghai, a été bloquée par les autorités contre les financements extrémistes en raison de préoccupations concernant les risques financiers potentiels.
Jack Ma a disparu des radars pendant deux mois et demi, et ce silence a soulevé de nombreuses questions, notamment sur sa nature politique. En ce qui concerne la tension, elle est toujours là aujourd’hui.
Un coin d’ombre à dissimulé
Les actions d’Alibaba ont chuté au début du mois lorsque la société d’État CCTV a annoncé qu’elle avait arrêté un certain « M. Ma » à Hangzhou pour des raisons de sécurité nationale.
CCTV a ensuite précisé que la personne en question portait le même nom, mais n’était pas Jack Ma, pour rassurer le marché.
Selon l’agence Bloomberg, le crash a temporairement fait perdre Alibaba dans une capitalisation boursière de 26 milliards de dollars. La sous-performance d’Alibaba est loin d’être un exemple isolé de la Chine dans le monde de la technologie. Le moteur de recherche Baidu a annoncé avoir perdu environ 120 millions d’euros au premier trimestre.
Déjà la semaine dernière, Tencent faisait état de ventes trimestrielles, qui stagnent depuis un an. C’est la première fois depuis 2004 que le géant chinois de l’Internet et du jeu vidéo enregistre une croissance molle. Selon le média chinois d’information économique Caixin, Tencent s’apprête à licencier 10% de ses effectifs.
Menacée par la baisse d’activité en Chine, moteur de l’économie, la puissance a reçu la semaine dernière plusieurs patrons de la technologie, laissant espérer qu’elle pourrait rattraper le secteur, sous pression depuis des mois.
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